Une proposition de loi visant à protéger les personnes mineures de l’usage détourné du protoxyde d’azote, plus connu sous le nom de « gaz hilarant », sera examinée en séance publique mercredi 11 décembre par le Sénat.
Le protoxyde d’azote (N₂O), utilisé à l’origine comme gaz de pressurisation d’aérosol alimentaire (siphons culinaires) ou en milieu hospitalier pour ses propriétés anesthésiques et analgésiques fait l’objet d’un usage détourné en raison de son effet euphorisant.
- Etat des lieux de la consommation
La consommation de ce gaz de façon récréative a toujours existé avec l’existence de vagues d’engouement.
Le nombre de cartouches de protoxyde d’azote retrouvées dans certaines villes de France témoignent de cette consommation grandissante depuis quelques années tout en restant en dehors des radars de surveillance.
L’enquête ESCAPAD 2017 montre un niveau d’expérimentation de produits « à inhaler » chez les 17 ans quel que soit le sexe qui s’élève à 3.1%.
Dans son rapport « Tendances » de décembre 2018, l’OFDT a signalé un usage de ces substances chez des sujets de plus en plus jeunes. Cette donnée est confirmée lors d’une intervention de prévention en classe de seconde dans un lycée parisien, les élèves rapportaient une prévalence d’usage/ expérimentation (vie entière) à hauteur de 14.4%.
L’étude COSYS, « observatoire français des usages de substances psychoactives chez les étudiants » a montré une prévalence d’usage dans l’année de protoxyde d’azote élevé : 6.2% pour les hommes et 3% pour les femmes ainsi qu’une tendance à l’augmentation de cette prévalence entre 2017 et 2018. Cette augmentation est confirmée par l’étude I-share de Bordeaux rapportant un usage actuel de protoxyde d’azote à 13,5%.
- Complications graves
Des effets non recherchés par les usagers peuvent survenir comme des nausées, vomissements, des troubles neurologiques ou psychiatriques notamment lors de l’association à d’autres substances psychoactives.
Ce qu’il faut retenir c’est qu’il existe des complications rares mais graves, favorisées par des prises massives de protoxyde d’azote (forte quantité et/ou en utilisation prolongée) qui ont été signalées par le réseau d’AddictoVigilance.
Ce risque provient de l’interaction entre le protoxyde d’azote et la vitamine B12 qui est indispensable à la fabrication de l’ADN et de la myéline (gaine entourant les fibres nerveuses).
Les complications peuvent se présenter sous deux formes :
- troubles de la formation des lignées cellulaires sanguines pouvant aller jusqu’à la pancytopénie (disparition des lignées avec risques d’hémorragie et d’infection)
- Myéloneuropathies pouvant être irréversibles, allant de la paresthésie (fourmillements, picotement…) à la paralysie
- Réduction des risques et des dommages (RDR-D)
Les associations de réduction des risques ne se sont pas encore intéressées à cette problématique et peu de documents existent pour informer les usagers.
Au vue des données scientifiques sur les risques, le CEIP-Addictovigilance de Paris souhaite apporter les informations suivantes en termes de RDR-D :
- Si tu consommes, prends des petites doses
- Espace tes prises
- Evite les mélanges (alcool, cannabis….)
- Si tu es végétarien ou que tu as un déficit naturel en Vitamine B12, n’en consomme pas
- Si tu prends des quantités plus importantes que prévues, donne-toi une semaine sans consommation pour régénérer une vitamine B12 fonctionnelle
- Si tu sens un emballement de tes consommations, c’est le moment de consulter un addictologue
- Devant tout signe de fourmillement, picotement, tu arrêtes tes consommations et tu consultes un médecin
- N’oublie pas de respirer de l’air