L’affaire du pavot : Ce que retient le CEIP-A de Paris

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CENTRE D'ADDICTOVIGILANCE DE PARIS (CEIP-A)

L’affaire du pavot : Ce que retient le CEIP-A de Paris

La Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) a publié un communiqué de presse le 1er mars 2019 pour mettre en garde le grand public contre la consommation des produits alimentaires contenant des graines de pavot.

Ce communiqué fait suite au signalement de personnes ayant présenté des taux « anormalement élevés d’alcaloïdes (morphine et codéine) dans leurs urines »[i]. Les graines contenues dans les produits consommés, elles-mêmes analysées, présentaient « une teneur particulièrement élevée en alcaloïdes ».

L’origine de cette contamination demeure pour le moment inconnue. Une enquête est en cours pour déterminer si les produits actuellement commercialisés  sont concernés et déterminer la cause de cette contamination.

Par mesure de précaution, les autorités sanitaires  ont appelé à éviter la consommation de produits contenant des graines de pavot jusqu’à la fin des investigations en particulier avant une activité nécessitant une attention particulière (conduite automobile…) et chez les populations à risque (femmes enceintes ou allaitantes, enfants…).

Par-delà les précautions sanitaires évoquées, le CEIP-A de Paris souhaite attirer l’attention du public quant aux risques de positivité des tests de dépistage aux opiacés naturels et invite à la prudence quant à l’interprétation de ces résultats, les tests pouvant se révéler « positifs » jusqu’à 20h après ingestion des graines[ii].

L’histoire d’Elizabeth Eden, publiée le 8 août 2018 dans le « Time », est édifiante. Dépistée positive aux opiacés à la suite de la consommation d’un bagel au pavot, la jeune femme, qui venait d’accoucher, a été signalée aux autorités alors qu’elle assurait ne pas être usagère de drogues. Cette histoire fait écho à celle de 2013, où une autre jeune femme américaine dans la même situation qu’Elizabeth s’était vue retirer la garde de son enfant à la suite d’un test immunochimique positif aux opiacés[iii].

Le CEIP-A de Paris rappelle par ailleurs que les analyses immunochimiques ne sont suffisantes pour présumer de l’usage de substances psychoactives (risque de faux-positifs ou de faux-négatifs).  Sur la route, en entreprise ou pendant les compétitions sportives, tout test immunochimique « positif » doit faire l’objet d’une confirmation par une méthode validée (spectrophotométrie de masse) avant la prise d’une quelconque sanction à l’encontre des personnes présumées usagères.

 

 

[i] DGCCRF. Communiqué de presse. Signalement aux autorités de teneurs anormalement élevées en alcaloïdes dans des graines de pavot : des investigations sont en cours. 1er mars 2019

[ii] Michael L. Smith, Daniel C. Nochols, Paula Underwood, Zachary Fuller, Matthew A. Moser, Charles LoDico, David A. Gorelick, Matthew N. Newmeyer, Martha Concheiro and Marilyn A. Huestis. 2014. Morphine and codeine Concentrations in Human Urine following Controlled Poppy Seeds Administration of Known Opiate Content.

[iii] RTL. États-Unis : une femme testée positive aux opiacés à cause d’un bagel au pavot. 09 août 2018. [en ligne]. https://www.rtl.fr/actu/international/etats-unis-une-femme-testee-positive-aux-opiaces-a-cause-d-un-bagel-au-pavot-7794376090, consulté le 05/03/2019.