Rôle du pharmacien d’officine dans l’addictovigilance

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CENTRE D'ADDICTOVIGILANCE DE PARIS (CEIP-A)

Rôle du pharmacien d’officine dans l’addictovigilance

Un blogueur, pharmacien de son état, a gentiment accepté de nous faire part de sa vision du rôle du pharmacien d’officine dans l’addictovigilance.

Il a écrit ce texte riche de son expérience clinique que nous reproduisons ici avec son autorisation.

N’hésitez pas à laisser vos commentaires.

Vous pouvez également aller vous détendre sur son blog : pharmaciencomprimé.wordpress.com

 

 

L’addictovigilance, c’est quoi ?
Définir, en parler, l’apprendre, la pratiquer. Des étapes qui se succèdent au cours de nos études et ensuite dans la vie professionnelle.
Les autorités de santé françaises ont beau arrêter quelques productions de médicaments, la tendance à l’augmentation du nombre de spécialités est bien réelle. Ce qui vient indirectement à accroître les détournements possibles.
Gérer des patients dépendants, que ce soit avec une seule ou plusieurs molécules, est une situation que l’on apprend peu sur les bancs de la faculté. Bien entendu, et fort heureusement, notre formation nous renseigne sur les principales substances dopantes, ou les principes actifs potentiellement addictogènes. Une détection importante pour notre pratique future.
Benzodiazépines, derivés morphiniques, hypnotiques, on peut considérer que la prescription encadre déjà quelque peu leur consommation. Pourtant, réduire les risques d’addiction est un travail qui dépasse ce simple filtre. Un patient traînant son lorazépam depuis plus de vingt ans ne souhaite, le plus souvent, en aucun cas, se passer de son petit comprimé. Délivrer sans broncher apparaît alors comme la facilité. C’est pourtant en instaurant un questionnement que la nécessité de cette prise en charge que le patient pourra y réfléchir. Un traitement régulier devient un mécanisme, pour le patient mais aussi pour le professionnel de santé. Les pharmaciens doivent faire en sorte que cela ne devienne jamais le cas.
Chaque patient est unique : un organisme, une prise en charge, et des sensations/émotions qui peuvent altérer les deux précédents. Le pharmacien à donc un rôle de guide par rapport à l’usage des médicaments.
Un habitué du neocodion ? Dialoguer, expliquer, rassurer sans oublier de mentionner les risques, toujours dans le but de réduire l’addictionpotentielle.

Des chevauchements de skenan à répétition ? Avoir des ordonnances les permettant ne doit pas suffire. Une bonne communication avec les autres professionnels de santé est une obligation. On pourra ainsi réorienter le patient vers des centres spécialisés afin d’améliorer son suivi. En entourant le patient, on maximise la chance qu’il réduise son addiction, au pire qu’elle n’augmente pas.
Je vois le pharmacien comme un pion essentiel de la gestion des addictions, notamment parce qu’il est responsable de la délivrance. Accueil, dialogue, gestion des excès, c’est le pharmacien qui peut canaliser ce genre de situations. Il est nécessaire qu’il soit conscient de sa capacité à réduire les risques de mésusage.
Chaque délivrance doit être pensée dans le but d’améliorer la santé du patient. Chaque refus doit être réfléchi, là encore dans le but de préserver l’organisme du patient.
Il serait utile d’implanter une démarche de suivi pour chaque délivrance à caractère potentiellement addictogène. Loin de représenter une perte de temps, cela permettrait un suivi concret et direct permettant de réduire les risque de dérapages.
Prendre soin des autres en guidant leur prise de médicaments doit être une mission primordiale du pharmacien.
@PhComprimé