Sans vouloir rentrer dans le débat « pour ou contre le traitement par Plaquenil® contre le COVID », le CEIP-Addictovigilance de Paris souhaite informer les usagers de substances ainsi que les patients sous traitements psychoactifs sur les principaux risques d’interactions médicamenteuses.
La chloroquine et l’hydroxychloroquine sont deux médicaments commercialisés en France depuis longtemps et sont des antipaludéens de synthèse largement utilisés dans le traitement préventif ou curatif du paludisme mais aussi dans d’autres indications thérapeutiques telles que la polyarthrite rhumatoïde ou le lupus érythémateux. Des propriétés antivirales leur sont attribuées à l’origine du coup de projecteur actuel sur ces molécules.
Comme tout médicament, le Plaquenil® interagit avec d’autres substances qui peuvent potentialiser ses effets indésirables notamment au niveau cardiaque (tachycardie, fibrillation, torsades de pointe…).
En contexte COVID, et pour des raisons qui vous sont propres (préventives, curatives, …), vous cherchez à vous procurer du Plaquenil® ?
Avant d’en prendre vous devez connaitre les interactions potentielles avec les substances psychoactives…
L’hydroxychloroquine est une substance torsadogène (troubles du rythme graves). En association avec d’autres substances torsadogènes, le risque est accentué :
- Substances illicites: Vous prenez des drogues ? Il faut savoir que certaines substances psychoactives dont la cocaïne, les amphétamines et le cannabis sont toutes susceptibles d’être arythmogènes.
- Substances médicamenteuses: vous êtes sous MSO (méthadone ou buprénorphine), sachez que le Plaquenil® peut augmenter le risque de troubles du rythme.
Vous prenez du tramadol, sachez qu’il existe également ce risque cardiaque. De même si vous êtes traités par hydroxyzine, antidépresseurs (imipramine, mirtazapine, fluoxétine, citalopram, clomipramine, sertraline, venlafaxine), et antipsychotiques (clozapine, quétiapine, risperidone, aripiprazole, prométhazine, haloperidol, cyamemazine)
Nos conseils :
- En cette période de confinement, n’interrompez pas votre suivi addictologique ou psychiatrique (des dispositifs par téléconsultation ont été mis en place pour le maintien des soins)
- N’arrêtez pas votre traitement de fond sans en parler à votre médecin
- N’achetez aucun médicament en ligne présenté comme de l’hydroxychloroquine (Plaquenil ®) : de nombreuses arnaques existent (arnaques sur le produit, le dosage…).
- Ne cachez pas à votre médecin les traitements et les substances psychoactives que vous prenez afin qu’il soit à même d’évaluer les risques
- Discutez avec votre médecin de l’éventuel usage du Plaquenil®
- Pour toutes questions relatives au Plaquenil® et à l’usage de substances psychoactives (effets indésirables et interactions), vous pouvez joindre le centre d’Addictovigilance par mail ou via le portail national des vigilances (https://signalement.social-sante.gouv.fr/psig_ihm_utilisateurs/index.html#/accueil) en cochant la case « addictovigilance ».
Liens utiles : https://www.pharmacovigilance-iledefrance.fr/
https://www.covid19-medicaments.com/
https://www.drogues-info-service.fr/
Pour en savoir plus:
En surdosage, une toxicité cardiaque de l’hydroxychloroquine est quasi-constante. La gravité de cette cardiotoxicité est liée à la survenue de troubles du rythme ventriculaire (tachycardie, fibrillation, torsades de pointe), de bloc intraventriculaire ou d’arrêt cardiaque. La cocaïne et les substances amphétaminiques sont cardiotoxiques et une interaction avec l’hydroxychloroquine est très probable.
Ces troubles apparaissent parfois peu après l’ingestion mais peuvent être retardés (jusqu’à 5 heures). Cette toxicité est en rapport avec l’effet stabilisant de membrane de la chloroquine. Une hypokaliémie sévère (liée à un effet propre de la chloroquine) est fréquemment observée, favorisant l’apparition de torsades de pointe par allongement de QT.