LE MONDE CHANGE épisode 1

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CENTRE D'ADDICTOVIGILANCE DE PARIS (CEIP-A)

LE MONDE CHANGE épisode 1

En guerre contre le COVID-19, quelles sont les mesures mises en place pour protéger les usagers précaires?

Enfants, personnes âgées et patients atteints de maladies chroniques ont fait l’objet de grandes préoccupations sanitaires en cette période de pandémie. Devant la rapidité de la propagation du virus et la surcharge du SAMU, le mot d’ordre a été donné : #Restezchezvous. Un confinement de 15 jours annoncé mais qui pourrait durer davantage. Dans cette période sans précédent, des mesures exceptionnelles sont mises en œuvre pour garantir le maintien des soins. Et plus que jamais, le maintien des mesures de réduction des risques chez les usagers de substances psychoactives (SPA) doit être également assuré. Ces derniers sont en mouvement, dans la rue pour se procurer le produit, en interaction avec les structures pour récupérer du matériel ou se procurer leur traitement. Les structures qui les prennent en charge sont souvent basées sur l’accueil, le partage. En transit, certains en errance, sans domicile fixe ou en rupture de suivi… ils forment aussi une population exposée à la contamination au corona Virus et à risque de développer ses complications graves (BPCO, asthme, immunodépression…).

Devant l’annonce du confinement total, les différentes structures de prise en charge ambulatoire des usagers de substances ont dû mettre en place de façon urgente des procédures afin de s’adapter. L’augmentation des appels concernant le COVID-19 à Drogues infos Service est un premier signal de l’intérêt des usagers à la préservation de leur santé et celle des autres.

Le CEIP-Addictovigilance de Paris a souhaité solliciter différentes structures pour qu’elles apportent leurs témoignages :

Les CSAPA et CAARUD adaptent leurs systèmes d’accueil aux mesures « barrière »

La continuité de l’accueil est assurée par la plupart des structures. Les entrées sont régulées et les distances de sécurité sont exigées. Les cas présentant des symptômes du COVID sont isolés. Le lavage des mains est rappelé. Les CAARUD maintenus ouverts garantissent la distribution du matériel et les CSAPA poursuivent la délivrance de méthadone.

Les salles de repos sont pour l’instant fermées dans l’attente de livraisons de masque.

Téléconsultation et prescription envoyée par la poste

Confinés mais toujours en lien à distance. La continuité des soins est assurée à travers la téléconsultation pour certains CSAPA qui ne souhaitent pas exposer les usagers par contact.

 Adaptation des prescriptions à la situation de confinement

Les durées de prescription médicale sont prolongées pour minimiser le nombre de passage des usagers et leur permettre de vivre le confinement sans craindre le manque. « Nous passons d’une durée de prescription de 14J pour la méthadone à 28J » précise la structure interrogée

Renouvellement des prescriptions par le pharmacien d’officine 

L’arrêté du 14 mars 2020 permet aux pharmaciens d’officine de renouveler les prescriptions expirées notamment d’anxiolytiques dans le cadre de maladies chroniques (durée de traitement ≥ 3 mois) pour assurer le maintien des soins.  L’arrêté du 19 mars 2020 est venu compléter ces prérogatives en élargissant la possibilité du renouvellement aux hypnotiques mais également aux MSO.

Le marché de rue s’adapte également

Les usagers rapportent une hausse des prix au marché noir. Certains évoquent « une adaptation exemplaire des dealers » au contexte de pandémie (lavage des mains au gel hydroalcoolique, distances de sécurité…).

Hébergement des plus démunis et MDPH

La mise en place d’hébergement en gymnase ou hôtel pour aider le confinement des plus précaires est en cours d’organisation. Concernant la MDPH, une structure rapporte son inquiétude quant à la continuité de réponses aux besoins des personnes en situation de handicap.

La salle de consommation à moindre risque (SCMR) de Paris s’adapte aussi au COVID-19

La SCMR continue d’accueillir des usagers par petit nombre (3 par 3). La salle d’inhalation et la salle de repos sont quant à elles fermées.

Dans cette situation une aide précieuse et efficace : les automates et la RDR-D à distance par l’association SAFE

Dans la rue, le renforcement de la distribution de matériels stériles est plus que jamais nécessaire. Les automates d’échange de seringues répartis sur le territoire favorisent l’approvisionnement en réduisant les contraintes de déplacements. Des automates supplémentaires vont être prochainement installés. La RDR-D à distance a été grandement plébiscité par les usagers avec des demandes plus importantes de lingettes désinfectantes et de matériels stériles pour faire le stock pour soi ou pour des amis. Des automates supplémentaires devraient être mise en place en Ile de France.

La naloxone, plus que jamais nécessaire

Devant la surcharge du SAMU, le CEIP-Addictovigilance de Paris insiste sur la nécessité de la diffusion en quantité de la naloxone pour prévenir les risques d’overdose.

Ce confinement soudain a bouleversé l’organisation des structures et les habitudes des usagers. Bien qu’encore désorganisé dans l’attente d’une coordination, les équipes soignantes et l’ensemble des acteurs de RDR-D mettent tout en œuvre pour garantir la protection des usagers. Le confinement a eu l’effet d’un catalyseur de mesures. Les habitudes des uns et des autres changent … Peut être de façon durable et meilleur.

 

 

Merci à toutes les structures qui ont su s’adapter au mieux pour les usagers et merci à SAFE, EGO, MURGER, Drogues Info Services pour les témoignages