Point Information Codéine – 18.07.2017

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CENTRE D'ADDICTOVIGILANCE DE PARIS (CEIP-A)

Point Information Codéine – 18.07.2017

Modification de législation sur la codéine et autres dérivés opiacés

La codéine est une molécule proche de la morphine utilisée comme antalgique de palier II pour la prise en charge des douleurs d’intensité modérée. Elle est également indiquée dans le traitement de la toux sèche gênante du fait de son activité de dépression des centres respiratoires. Elle fait cependant l’objet d’un détournement massif à visée récréative et de « défonce » en lien avec ses effets euphorisants.

En France, 41 spécialités sur le marché contiennent de la codéine, seule ou en association à d’autres molécules (paracétamol, caféine, aspirine, ibuprofène…). Pour les formes comprimés, seules les spécialités contenant moins de 20mg de codéine par comprimé étaient jusqu’alors en vente libre en pharmacie. Pour les formes sirops, aucune n’était soumise à une prescription médicale obligatoire.

Les travaux du réseau d’addictovigilance des CEIP-A a montré l’émergence préoccupante d’une consommation de codéine chez les adolescents, notamment à travers le phénomène du Purple Drank (lien vers article du CEIP). Les récents cas de décès par surdosage en codéine ont conduit les autorités de Santé à revoir les règles de dispensation des spécialités pharmaceutiques contenant de la codéine. La ministre des Solidarités et de la Santé a signé le 12 juillet 2017 un arrêté modifiant les exonérations à la réglementation des substances vénéneuses des spécialités pharmaceutiques à base de codéine notamment. Cet arrêté prend effet le vendredi 14 juillet. L’ensemble des médicaments contenant de la codéine sont désormais sur « Liste », impliquant une dispensation exclusivement sur ordonnance de ces spécialités (indépendamment du dosage).

Le dextrométorphane et la noscapine sont également concernés par ce changement de législation.

Cette modification de la législation relève d’une volonté de limiter les mésusages de cette substances, notamment auprès des publics les plus jeunes.

En bref, pour la codéine :

Pour mémoire :

La codéine est un agoniste partiel des récepteurs opiacés µ et ses effets psychoactifs sont liés à son action sur le système opioïde cérébral.

  • Toxicité aiguë

La codéine peut conduire à des intoxications aiguës dont les principaux symptômes sont une somnolence, des nausées et vomissement, une constipation, un prurit ou une baisse de la vigilance. On peut aussi constater des cauchemars et des hallucinations. Le risque le plus grave reste la dépression aiguë des centres respiratoires faisant suite à un surdosage en codéine. L’évolution peut être fatale si une prise en charge adaptée n’est pas rapidement réalisée, typiquement par administration de naloxone*. Le syndrome d’intoxication aux opiacés (dont la codéine fait partie) est caractéristique et associe un trouble de la conscience avec coma calme, une bradypnée et un myosis bilatéral serré.

*La naloxone est un antagoniste des récepteurs opiacés µ qui va contrecarrer l’effet de la codéine. Il peut être administré par voie intranasale (Nalescue®) ou par voie intraveineuse (Narcan®) pour les cas graves.

 

  • Toxicité chronique

Comme tous les opiacés, la codéine peut entraîner une dépendance en cas de consommation régulière, même sur une courte période, s’accompagnant d’un phénomène de tolérance (augmentation des doses pour avoir le même effet).

Liens

http://solidarites-sante.gouv.fr/actualites/presse/communiques-de-presse/article/agnes-buzyn-decide-d-inscrire-la-codeine-et-d-autres-derives-de-l-opium-a-la